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Ma Vie Assurément, le podcast

Avec Ma Vie Assurément, le podcast des agents du service public proposé par GMF, plongez au cœur du quotidien de celles et ceux qui s'engagent et se mettent au service des autres, et découvrez l'extraordinaire de vies ordinaires.

Ma Vie Assurément Saison 3

Épisode 4 - Benjamin, l'homme qui murmurait à l'oreille des chiens guides

Immersion dans l'univers méconnu des chiens-guides avec le témoignage de Benjamin Valembolois, Directeur technique de l’École de chiens guides de Paris. 

Découvrez l'origine de la passion de Benjamin pour ces animaux hors du commun, ainsi que le rôle crucial de l'École dans l'inclusion et l'égalité des chances. Plongez dans les moments marquants et émouvants vécus par l'interviewé qui "est venu pour les chiens mais est resté pour leurs maîtres."

Peut-être vous laisserez-vous également séduire par cette voie originale, à la fin de l’écoute ?

Journaliste

Bienvenue dans le podcast « Ma Vie Assurément », proposé par GMF, qui met à l'honneur les agents du service public. Dans cette saison 3 partez à la rencontre de celles et ceux qui s'engagent chaque jour pour les autres. Aujourd'hui vous avez rendez-vous juste en face du parc zoologique de Paris dans une école pas comme les autres.

Benjamin, la parole est à vous. 


Benjamin Valembois

Je m'appelle Benjamin Valembois, je suis Directeur technique de l'École de chiens-guides de Paris. Je travaille dans les chiens-guides depuis maintenant plus de 15 ans. Avant de travailler aux chiens-guides, j'ai été assistant vétérinaire. Et ensuite, je me suis rendu compte que ce qui me passionnait, c'était l'éducation et le comportement du chien.

Donc j'ai été éducateur canin pour des particuliers. Et c'est comme ça que j'ai découvert le chien-guide. L'École des chiens-guides de Paris est une association loi 1901 qui est reconnue d'utilité publique car elle remet gratuitement les chiens-guides aux personnes déficientes visuelles, ça c'est très important, c'est-à-dire que toute personne déficiente visuelle qui va remplir nos prérequis pour avoir un chien-guide, comme par exemple savoir se déplacer en sécurité et en autonomie avec une canne blanche, va pouvoir avoir un chien-guide.

En 2023, on remet 30 chiens. Tout ça, c'est grâce à une chaîne de solidarité. On a toute une équipe de bénévoles, mais aussi toute une équipe de professionnels qui sont des salariés de l'association. Ce sont des moniteurs aux familles d'accueil, des éducateurs, des éducateurs du suivi, des instructeurs de locomotion.

Toute une équipe est derrière pour faire ces super chiens. 

Le chien-guide, on va le sélectionner déjà, avant même qu'il naisse. On a tout un travail de sélection qui est fait par l'élevage. Donc on a des personnes dont c'est le métier, c'est de sélectionner déjà les bons reproducteurs pour nos chiens et qui vont ensuite, une fois que les chiots sont nés, vont faire un travail d'éveil et de socialisation de ces chiens.

À l'âge de 3 mois, le chien va partir en famille d'accueil. Les familles d'accueil, ce sont des bénévoles qui vont accueillir ces chiots de 3 mois jusqu'à un an, un an et demi. Pendant toute cette période, ils vont être accompagnés par nos moniteurs des familles d'accueil qui vont les aider à leur apprendre déjà à en faire un chien de compagnie parfait, qui vont aussi commencer à leur apprendre le début de métier de chien-guide.

À un an et demi, le chien va rentrer en éducation. Là, il est pris en charge par un éducateur qui va lui apprendre son métier de chien-guide. Ensuite, l'éducateur va remettre ce chien à la personne déficiente visuelle. Ça dure à peu près une semaine et demie à deux semaines à l'école et ensuite on va aller chez la personne pour travailler avec elle, il y a une équipe de suivi derrière qui va suivre le chien pendant toute sa vie et qui va permettre de résoudre toute difficulté que va rencontrer le maître, il déménage ou il y a des travaux chez lui, ça devient plus compliqué, l'équipe est là pour prendre le relais. À 8 ans, on va faire un grand bilan du chien.

On va évaluer si le chien est toujours en bonne condition physique et en bonne condition de travail pour pouvoir adapter, s'il y a besoin, ses journées. On peut demander au maître, par exemple, d'éviter les heures de pointe. Quoi qu'il arrive, le chien est en retraite à 10 ans et on va essayer de lui trouver un bel endroit de retraite. 

Le chien-guide, il va amener aux personnes déficientes visuelles un meilleur déplacement, un déplacement en sécurité, un meilleur confort et une meilleure autonomie. Il va permettre aux personnes de sortir davantage et pour certains d'avoir des nouvelles envies, d'aller faire des activités. Pour certains, ça va être aussi trouver du travail, pouvoir aller se rendre à des entretiens d'embauche et tout ça.

Le chien-guide, ce qu’il va aussi amener, ça va être un très grand vecteur social. La plupart des maîtres de chiens-guides me disent que depuis qu'ils ont un chien-guide, les gens viennent leur parler davantage parce qu'ils viennent parler de leur chien, leur dire qu'il est beau et c'est comme ça que les échanges se créent.

Il y a une histoire de chien-guide qui m'a particulièrement marqué, c'est une maîtresse de chien-guide, elle est traductrice au Parlement européen à Bruxelles. Donc il a fallu aller travailler dans ce Parlement qui est un bâtiment immense, même plusieurs bâtiments qui sont reliés par des passerelles, c'est un vrai labyrinthe, donc ça a demandé un travail, un long travail, parce qu'il a fallu déjà aller repérer, savoir dans quelle salle elle va traduire, savoir par où on va passer, donc ça c'est un travail de repérage déjà qui est important, et il a fallu travailler avec la personne pour qu'elle puisse se représenter, savoir comment, quels ordres donner à son chien, à quel moment, et il a fallu que je travaille le chien pour lui montrer, c'est cet endroit où il faut que tu ailles, c'est cet endroit où il faut que tu ailles, sur les 15 portes qui sont dans ce couloir, c'est cette porte-là, et c'est pas celle d'avant ni celle d'après.

Et petit à petit, cette équipe est devenue de plus en plus efficace. Et ce qui est rigolo, c'est qu'aujourd'hui, sa maîtresse m'a raconté que c'était elle qui guidait ses collègues qui, eux, sont voyants parce qu'ils ne savent pas aller de telle salle à telle salle alors qu'elle, avec son chien guide, elle peut y aller sans aucun problème. 

Quand je repense à toutes ces histoires, je me dis que je fais un super métier, que je ne m'ennuie pas. Aux gens, je dis souvent que je suis venu pour les chiens, mais que maintenant, je suis resté pour les maîtres de chiens-guides. Parce que chaque remise est différente, chaque maître est tellement différent.

C'est formidable d'aller au boulot heureux, en fait.


Journaliste

Merci beaucoup Benjamin pour ce témoignage. Rendez-vous très bientôt pour un nouvel épisode du podcast « Ma Vie Assurément », proposé par GMF, qui met à l'honneur les agents du service public. 
 

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Épisode 3 - Immersion dans les abysses avec Marine

À l’adolescence, le livre Le jour ne se lève pas pour nous de Robert Merle – qui se déroule dans un sous-marin nucléaire lanceur d’engins – éveille la curiosité de Marine. Elle rêve alors de travailler un jour à l’intérieur d’un sous-marin. Mais quand elle intègre la Marine nationale en 2010, après des études d’ingénieur, les femmes n’y sont pas autorisées.

Comment Marine a-t-elle réussi malgré tout à accomplir son rêve ? Quelle vie mène-t-on enfermé avec cent-dix marins ? Comment supporte-t-on de rester soixante-dix jours sans lumière naturelle et quasiment sans contact avec ses proches ?

Journaliste
Bienvenue dans le Podcast Ma Vie Assurément, proposé par GMF, qui met à l’honneur les agents du service public.
Dans cette saison 2, partez à la rencontre de celles et ceux qui s’engagent chaque jour pour les autres.
En moins de 5 minutes, découvrez l’ordinaire de vies ordinaires.
Aujourd’hui, vous avez rendez-vous avec une femme capable de passer 70 jours enfermée dans un sous-marin. Marine, la parole est à vous.


Capitaine de Corvette Marine

Je suis le capitaine de corvette Marine et je suis officier de Marine depuis 13 ans.

Je ne viens pas d’une famille de militaires, ni même de marins. En revanche, je pense que l’exemple de mon grand-père, qui a été résistant, m’a fait comprendre assez jeune que j’avais envie de m’engager au service de quelque chose de plus grand que moi, et notamment au service de la Nation. Et après avoir lu « Le jour ne se lève pas pour nous », qui est un roman de Robert Merle, où il raconte une patrouille de dissuasion sur un sous-marin nucléaire lanceur d’engins, je me suis dit que c’était ça que je voulais faire quand je serai plus grande.

Tous les sous-marins en France ont une propulsion nucléaire. En revanche, les SNLE sont des sous-marins qui portent des missiles nucléaires qui servent à la dissuasion. Un sous-marin nucléaire lanceur d’engins de façon un peu plus schématique, c’est un sous-marin sur lequel vous mettez une mini centrale EDF, vous mettez avec ça 16 missiles nucléaires qui sont des mini fusées Ariane, tout un tas d’installations autour qui permettent de faire déplacer le bateau en trois dimensions, de régénérer l’atmosphère, d’assurer la vie à bord de façon générale et 110 marins.

En 2010, quand je rentre dans la Marine, les femmes ne sont pas encore autorisées dans les forces sous-marines. Du coup, après mon année de formation, je rentre dans les forces de surface et je navigue pendant 4 ans sur des frégates de premier rang comme officier mécanicien. En 2014, le volontariat pour les forces sous-marines pour les officiers féminins s’ouvre et donc je suis retenue parmi les volontaires. Et à l’été 2015, je commence ma formation d’officier atomicien qui durera un peu plus de deux ans et demi. À la fin de cette formation, j’ai embarqué sur le sous-marin nucléaire lanceur d’engins « le Terrible » et j’ai effectué ma première patrouille opérationnelle sur ce bateau.

La vie en patrouille, c’est une vie assez particulière, surtout à notre époque où on est tous hyper connectés, où tout le monde regarde son téléphone le matin en se levant et le soir en se couchant, parce que on n’a pas Internet. On ne dispose pas de flux d’informations en continu. On reçoit la presse une fois par semaine, les informations sport une fois par semaine, 40 mots de notre famille une fois par semaine. Et surtout, on ne peut pas répondre. Un sous-marin nucléaire lanceur d’engins ne communique pas lorsqu’il est en patrouille.

Ce que j’aime dans cette vie, c’est justement cette vie collective au service de quelque chose qui dépasse complètement notre équipage, notre sous-marin. Voilà, c’est parfois assez vertigineux de mettre les choses en perspective et de se dire que la dissuasion nucléaire, qui est la clé de voûte de la défense française, repose sur les épaules de 110 personnes, qui doivent se débrouiller avec ce qu’elles ont à bord. Et c’est une responsabilité qui est énorme, même si on n’y pense pas tous les matins en se levant, mais c’est réel et ça nous oblige.

En surface, si jamais vous avez une panne de propulsion ou quelque chose comme ça, votre bateau, il va continuer à flotter. Sur un sous-marin, une avarie, ça peut vite avoir un impact. Enfin, on a un certain nombre de réactions qu’on appelle immédiates et qui vraiment mettent en jeu la sauvegarde du sous-marin. Et donc ça veut dire que vous devez avoir une confiance absolue dans les gens qui sont amenés à faire ces réactions-là. Parce que, en fait, s’ils ne les font pas au bon moment, potentiellement vous perdez le sous-marin et donc tout l’équipage.

Les valeurs communes aux armées, et forcément du coup qu’on retrouve dans la marine nationale, c’est les valeurs d’engagement, de dévouement, de force morale et de courage. Le courage, c’est pas forcément aussi de faire des grands actes héroïques, ça peut être juste de durer, voilà, durer dans des conditions pas forcément évidentes.

À la fin de ma première patrouille, le sous-marin remonte en surface. Et puis on a le droit, au bout d’un moment, de monter en passerelle. Le fait de redécouvrir le ciel, la mer, le vent, il y avait des dauphins qui nageaient autour du bateau en plus, c’est assez magique, c’est assez unique de pouvoir redécouvrir ça. Ce qui paraît habituel pour tout le monde mais vraiment le redécouvrir, c’est un sentiment qui est assez fantastique. Et en fait, ça m’a évoqué le titre du roman de Robert Merle « Le jour ne se lève pas pour nous », où il évoque justement ce sentiment assez étrange de redécouvrir le monde extérieur après 70 jours de privation de tout en fait.

 

Journaliste
Merci Marine pour ce témoignage.
Rendez-vous très bientôt pour un nouvel épisode du podcast Ma Vie Assurément, proposé par GMF, qui met à l’honneur les Agents du service public.
 

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Épisode 2 - Adama Coulibaly, à cœur vaillant rien n’est impossible

Plongez au cœur du quotidien d’Adama Coulibaly, ambulancier à Paris, ancien manutentionnaire à l’aéroport Charles de Gaulle, qui nous raconte comment il s’est décidé à se former à ce métier. 

Un changement difficile mais assumé, porté par son histoire familiale, mais également par une révélation en voyant des ambulanciers s’occuper des personnes à l’aéroport, leur porter assistance tout en veillant au respect et à la dignité des personnes prises en charge.

Journaliste
Bienvenue dans le Podcast Ma Vie Assurément, proposé par GMF, qui met à l’honneur les agents du service public.
Dans cette saison 2, partez à la rencontre de celles et ceux qui s’engagent chaque jour pour les autres.
En moins de 5 minutes, découvrez l’ordinaire de vies ordinaires.
Aujourd’hui, vous avez rendez-vous avec un homme dont la joie de vivre transparaît dans son métier d'ambulancier. Adama, la parole est à vous.


Adama Traoré

Je m'appelle Monsieur Coulibaly Adama. Je suis ambulancier dans un hôpital parisien.

Avant, je travaillais à l'aéroport Charles de Gaulle en tant que manutentionnaire. J’étais aussi agent de sécurité incendie. Dans ce cadre-là, j'ai vu des ambulanciers amener des patients à l'hôpital. Il y en a certains qui parlaient aux patients et leur demandaient leur douleur… « Monsieur, est-ce que je ne vous ai pas fait mal par-ci ? » C'est beau, ça ! C'est à partir de ce moment que j'ai décidé de faire la reconversion pour devenir ambulancier. Je me suis dit : « Il me faut ce boulot ! ».

Cette envie d'aider les autres est venue de ma famille. On était 14 enfants, d’un même père et d’une même mère, sans compter les cousins et les cousines. Donc c'était une très grande famille. Ça a forgé mon caractère, le respect de l'autre, et la dignité aussi. Ça arrive souvent que le patient arrive presque à poil. L'amener comme ça : non ! Je demande toujours aux soignants de l'habiller correctement avant de l'amener.

En fait, j'ai fait ma formation d'auxiliaire en 2013, et en 2016 mon patron m'a envoyé faire ma formation d’ambulancier. La formation en alternance, c'est une semaine d'étude à la Croix-Rouge, et le reste des jours je travaillais dans ma société. Je transportais des patients et je travaillais avec mon patron.

Les formateurs à la Croix-Rouge sont les meilleurs pour moi. Ils connaissaient leur métier et s'occupaient bien de nous. En fait, ils m'ont beaucoup encouragé. Il y en avait un, j'ai même envie de dédier mon diplôme à son nom. Lui il m'a beaucoup encouragé, mais sans le savoir. Quand même, c'était difficile. Il y avait certains modules qui étaient coriaces. Mais à cœur vaillant, rien d'impossible.

Avant je pensais qu'un ambulancier venait prendre un patient et l'amenait tout simplement. Mais ce que j'ai appris lors de cette formation, c'est qu'il faut surveiller l'état clinique du patient durant tout le trajet. Il faut veiller au bien-être du patient, il faut parler avec le patient durant tout le trajet. Et je vois des ambulanciers qui roulent comme des fous. On ne transporte pas de marchandises, ce sont des êtres humains.

Vous voulez que je vous raconte quelque chose de bizarre qui m'est arrivé ? J'ai déjà transporté une patiente qui m'a craché dessus. À plusieurs reprises, ce n'est pas arrivé lors d'un seul transport. Mais à trois reprises. En fait, elle me prenait pour quelqu'un d'autre. Elle était vraiment en décompensation. C'est un moment de crise d'une personne saine, qui perd un peu les pédales. Donc elle hallucine, elle entend des voix, que nous n’entendons pas. Et peut-être qu'elle voit des gens que nous ne voyons pas.

À l'époque, je la voyais en pyjama de l'hôpital. Un an et demi après, on m'a envoyé pour un transport. Je devais venir chercher un patient dans le 15ème et l'amener à l'hôpital Salpêtrière. Je n'avais pas reconnu que c'était elle qui m'avait craché dessus. Elle était bien coiffée, bien maquillée, un joli sac à main, de belles chaussures… La classe ! Je regarde le nom discrètement sur mon téléphone… Oh là là, j'étais content. J'en ai même eu les larmes aux yeux. Je ne me suis pas réveillé tous les matins, à 4h, pour rien.

Je ne changerai jamais de métier. Je peux évoluer dedans, mais je garderai mon métier : ambulancier.


Journaliste
Merci Adama pour ce témoignage.
Rendez-vous très bientôt pour un nouvel épisode du podcast Ma Vie Assurément, proposé par GMF, qui met à l’honneur les Agents du service public.
 

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Épisode 1 - Franck, le bien-être de tous avant tout

Plongez au cœur du quotidien de Franck Choron, éducateur technique spécialisé. Après une carrière en tant que cuisinier, il a décidé de transmettre son savoir-faire et son savoir-être aux travailleurs en situation de handicap. Une reconversion ardue qui lui a demandé trois ans de formation.
Aujourd’hui éducateur à l’ESAT du Valois, dans l’Oise, Franck s’épanouit auprès de son équipe qu’il accompagne vers toujours plus d’autonomie et de bien-être. Un engagement solidaire qui raisonne avec sa voix pleine de chaleur…

Journaliste
Bienvenue dans le Podcast Ma Vie Assurément, proposé par GMF, qui met à l’honneur les agents du service public.
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Aujourd’hui, vous avez rendez-vous avec un homme de cœur, qui transmet son savoir-faire à des personnes en situation de handicap. Franck, la parole est à vous.


Franck Choron

Je suis Franck Choron, je suis éducateur technique spécialisé, en ESAT, à Crépy-en-Valois.

J'ai commencé à travailler à l'âge de 16 ans, en apprentissage, après j'ai commencé à faire quelques restaurants où j’exerçais quand même le métier de cuisinier à chaque fois, et pour un confort de vie, je suis parti en tant que cuisinier dans le social, en IME avec des enfants. C'est à ce moment-là qu'un directeur m'a repéré et m'a dit : « Il faut que tu essayes de passer une formation d'éducateur technique pour apprendre à nos enfants de l'IME des petites bases de cuisine ! ».
C'est vrai que c'est pas facile de reprendre une formation à l'âge de 35 ans, parce qu'il fallait aussi composer avec sa vie de famille, j'ai aussi 3 enfants… On bossait le soir, tard, une fois que tout le monde était couché (rires). 3 ans, ça peut être long, mais ça passe très vite !

À l'ESAT, tous les jours, je compose avec des travailleurs handicapés le menu du jour pour l'ESAT et pour le foyer. Ça représente un service de 70 personnes.

J'ai une équipe qui se compose de 10 travailleurs en situation de handicap, on fait un petit briefing le matin où chacun prend sa place, il y en a qui sont au local froid, il y en a au local chaud, en plonge, au service, en salle… En fin de compte, tous les jours on dispatche les travailleurs, et moi je tourne sur toutes les pièces.

Tous ceux que j'ai connus jusqu'à maintenant ont envie d'apprendre, et ils nous en apprennent, parce qu'ils ont leur façon de travailler. Lorsqu'on fait même une carotte râpée, on épluche la carotte, moi j'ai mes techniques pour éplucher une carotte, et eux ont les leurs. Mais ce que je leur dis toujours c'est que leur technique c'est peut-être la meilleure, ce sont eux qui épluchent la carotte, c'est pas moi, donc ce sont eux qui doivent se sentir à l'aise dans leur travail. Moi ce que je veux c'est que la carotte soit épluchée (rires).

Mon rôle c'est de les encadrer, de les aider à augmenter leurs compétences de travail ; je vise le plus d'autonomie possible pour qu'ils aient le moins besoin de moi. Ce qui m'engage parfois à les laisser seuls. C'est une équipe en qui je peux avoir confiance, sur tous les points.

Même si on ne devrait pas le dire, bien sûr qu'on s'attache ! Ce qui me donne l'envie, c'est leur contact, le fait de les voir ! De les voir ça fait du bien !

Lorsque j'étais à l'IME, j'accompagnais un autiste de 17 ans, très difficile, sans parole, et il était assez violent. Donc c'était un jeune qui n'avait aucune orientation future, que ce soit dans l'ESAT ou que ce soit en IMPro, il n'avait pas les capacités pour.

Devant le désarroi des parents qui ne rêvaient que d'une chose, que leur fils prenne son envol, on avait essayé de prendre un rendez-vous pour qu'il puisse aller visiter et passer une journée dans un appartement inclusif, au milieu de la population normale.

Tout ne s'est pas fait en une fois, on l'a pensé, on l'a préparé, avec des images parce qu'il ne comprenait que comme ça. Et là, dès qu'il nous a dit : « Oui ! », on a pris rendez-vous pour passer une journée là-bas, et il est arrivé dans cet appartement, il a accroché son manteau comme s'il était chez lui, alors qu'on ne lui avait rien dit… Il s'est mis à l'aise, il s'est senti tout de suite chez lui.

C'était une grande satisfaction, parce qu'on y croyait dur comme fer avec la directrice et la maman, on s'est dit : « Il va y arriver ! », et il faut juste l'accompagner vers ce qu'il veut. Et là, la violence s'est éteinte.

Bien sûr que le top du top serait qu'ils aient une inclusion, mais après, il y en a qui sont très bien à l'ESAT et ne veulent pas en sortir. Et ça, il faut le respecter. Il y en a d'autres qui aiment bien moitié-moitié, ils aiment bien aller un peu à l'extérieur mais si on y va trop, ça ne va pas non plus. En fin de compte mon engagement c'est ça, c'est le bien-être de chacun.

C'est un peu ça l'inclusion, s'adapter !


Journaliste
Merci Franck pour ce témoignage.
Rendez-vous très bientôt pour un nouvel épisode du podcast Ma Vie Assurément, proposé par GMF, qui met à l’honneur les Agents du service public.
 

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